
Ta passion pour Laverda est exemplaire. Les nombreux livres que tu as écris sont réputés et sont publiés partout. Penses-tu qu’il reste encore de nouvelles découvertes à attendre concernant l’histoire de Laverda ?
Il reste encore beaucoup de découvertes à faire ! Tout d’abord parce les années passent et les mémoires se font moins précises, ce qui assez normal. J’ai eu beaucoup de contacts lors de l’écriture de mes livres sur Laverda, et j’ai pu remarquer des différences parfois importantes parmi les souvenirs des uns et des autres. Seul un gros travail de recoupage des informations permet finalement de retrouver l’histoire vraie.
Ensuite parce que l’histoire des meilleures années de l’industrie mécanique italienne est aujourd’hui moins bonne que ce qu’elle était il y a 20 ou 30 ans, en grande partie à cause de la mondialisation. Il est important de continuer de travailler pour rappeler au public, principalement aux plus jeunes, ces temps glorieux.
Les passionnés qui te contactent via ton site web proviennent du monde entier. Est-ce d’après toi la démonstration que Laverda a laissé une marque forte et indélébile ?
Absolument. Laverda est une marque italienne unique, avec des produits spécifiques de hautes performances et de haute qualité. Outre le fait que beaucoup de ses modèles étaient légendaires, comme la 1000 3C, première vraie superbike du marché, la Jota, moto de série la plus rapide du monde en 1976 ou encore la 1000 V6, il n’y a pas beaucoup de motos de collection qui sont capables d’effectuer un minimum de 150 000 km sans intervention mécanique majeure.
Et toutes les Laverda ont un caractère unique, parfaitement représentatif de la moto sportive à l’italienne.
Tout cela fait que ces motos sont uniques.
Il semble évident que les nouvelles générations s’intéressent à d’autres passions, que proposes-tu pour rapprocher les jeunes du secteur de la moto classique ?
Notre génération est directement responsable de la transmission de la passion pour les motos classiques aux plus jeunes.
Il faut communiquer, et communiquer encore, sur les années glorieuses de l’industrie mécanique italienne, pour démontrer que les motos historiques sont un moyen de se distinguer de l’uniformité actuelle du marché moto, pour encourager les jeunes à se former à la mécanique essentielle comme étant une discipline artistique, pour prouver que cette discipline est une partie fondamentale de la culture.
Cela peut être fait au travers de livres, de manifestations historiques, de salons spécialisés et autres réalisations mécaniques prenant pour base de travail les références techniques et visuelles des motos historiques. C’est cette base-là qui m’avait motivé à construire mon prototype Laverda P12XX, une moto techniquement moderne qui conserve l’identité du modèle original, une sorte de contraire au concept néo-rétro !
Est-il encore possible de dénicher une vieille Laverda au fond d’une grange, recouverte de poussière et arrêtée depuis des années ?
Il reste encore beaucoup de Laverda à trouver et à restaurer. Mais il est de plus en plus difficile de les négocier à des prix acceptables !
Ton travail de recherche sur la Laverda 1000 V6 et en general sur la marque de Breganze t’a donné de nombreuses émotions et t’a permis de connaître d’autres experts et passionnés. Qu’est ce qui t’a le plus marqué dans l’histoire de Moto Laverda ?
Deux choses principales:
L’audace de la famille Laverda, qui a su proposer des modèles légendaires et avant-gardistes privilégiant les performances et la qualité de fabrication par rapport aux notions de rentabilité pure.
Et la qualité des rapports humains au sein de l’entreprise. J’ai été frappé par les nombreux témoignages des anciens employés de l’usine, qui évoquaient tous avec émotion une entreprise à échelle humaine qui agissait par passion et dans le respect de tous. Tous parlent dans les termes les plus élogieux des membres de la famille Laverda, ce qui est relativement rare dans le monde industriel.
Le projet Motociclo Italiano veut être un point de rencontre des passionnés des motos italiennes, leur donnant la possibilité d’appartenir à une communauté unique et de valoriser leurs motos. C’est en quelque sorte une initiative qui va au-delà du concept du réseau social qui repose sur des contacts virtuels. Tu es l’un des ambassadeurs de ce projet en lequel tu as cru dès le début. Que peux-tu dire à ce sujet ?
Comme je le disais précédemment, nous avons la responsabilité de transmettre toute notre passion pour les motos historiques italiennes qui nous ont tant fait rêver et qui ont fait l’Histoire. Le projet Motociclo italiano, affilié à la FMI, est sans aucun doute l’une des meilleures formules pour rejoindre cet objectif, nous donnant les moyens de communiquer à large échelle et de fédérer les passionnés du monde entier.
Je ne dirais pas que c’est un concept qui va au-delà des réseaux sociaux, mais que c’est un vrai réseau social à part entière, qui unit les passionnés autour d’une structure qui privilégie la qualité des échanges, de la culture et de la connaissance de l’industrie italienne.
La culture de l’industrie moto italienne est si importante qu’elle méritait cette initiative.